Chromebook et gaming: la fin de Steam, et après ?

Steam s’arrête sur Chromebook : comment jouer en 2025 - 2026 (Android, Linux/Crostini, Cloud, Shadow) ?

Si les Chromebooks séduisent de plus en plus pour un usage bureautique, jouer à des jeux directement sur un Chromebook a toujours été difficile, tant pour des raisons matérielles que logicielles. Le gaming sous ChromeOS est désormais rendu encore plus compliqué par l’arrêt du développement de Steam sur Chromebook, annoncé pour le 1er janvier 2026.

Est‑ce la fin du gaming sur Chromebook ? S’il reste possible de jouer (de manière limitée) sur ChromeOS, le cloud gaming permet désormais aux Chromebooks de rivaliser avec des PC « gamers ».

How to play
09/09/2025

Steam sur Chromebook : la fin d’une expérience (trop) ambitieuse

Alors qu’il était possible depuis mars 2022 d’installer Steam sur ChromeOS, Google et Valve ont annoncé en août 2025 la fin à venir du support de Steam sur les Chromebooks.

Désormais, un message d’avertissement apparaît lors de l’installation de Steam sur ChromeOS, indiquant qu’au 1erʳ janvier 2026 le programme bêta prendra fin et que « les jeux installés dans le cadre de la bêta ne seront plus jouables ». En clair : à partir du 1er janvier 2026, il ne sera plus possible d’installer ou de lancer Steam sur un Chromebook, ni de jouer aux jeux Steam sur ChromeOS.

Ce clap de fin marque la conclusion d’un projet lancé trois ans plus tôt en partenariat avec Valve (nom de code Borealis), qui visait à permettre aux utilisateurs de Chromebooks d’installer le client Steam et d’exécuter nativement des jeux PC sous ChromeOS, alors même que ChromeOS est un système pensé à l’origine pour la bureautique et le web, pas pour le gaming.

Plusieurs raisons expliquent ce revirement. En tête, les configurations matérielles des Chromebooks se sont avérées être un obstacle majeur au gaming via Steam. Steam sur ChromeOS nécessitait au minimum un processeur Intel Core i3 (ou AMD Ryzen 3) avec 8 Go de RAM (16 Go fortement recommandés) et une carte graphique dédiée pour exécuter les jeux.

Or, la grande majorité des Chromebooks du marché sont par nature pensés pour la bureautique et le web, et donc dotés d’un CPU milieu de gamme, de peu de RAM et, surtout, le plus souvent dépourvus de GPU dédié. En pratique, seule une poignée de Chromebooks haut de gamme estampillés « gaming » pouvaient faire tourner correctement quelques jeux Steam.

Autre problématique : le nombre de jeux Steam compatibles ChromeOS est resté très limité. Officiellement, une liste d’environ 100 titres (principalement de petits jeux légers) avait été établie par Google et pouvait fonctionner sur le matériel modeste des Chromebooks les mieux équipés (par exemple Stardew Valley, Cuphead ou encore Hades). Sachant que plus de 100 000 titres sont disponibles sur Steam, la proportion de jeux compatibles Chromebooks est donc restée extrêmement faible, aux alentours de 0,1 % du catalogue.

L’arrivée de Proton (la couche de compatibilité de Valve permettant de faire fonctionner les jeux Windows sur Linux ou Steam Deck) devait faciliter les choses et augmenter rapidement le nombre de jeux jouables sur Chromebook… Mais, comme évoqué, la très faible puissance de ces machines rendait de toute manière la plupart des titres Steam injouables sur la quasi‑totalité des Chromebooks du marché.

Enfin, le contexte a évolué. D’autres solutions se sont imposées et ont profondément transformé les usages, au premier rang desquelles le cloud gaming. Permettant de s’affranchir des couches de compatibilité nécessaires pour faire fonctionner des jeux Windows sur un autre système (macOS, Linux, ChromeOS, etc.) et, surtout, de passer outre la très faible puissance des Chromebooks, le cloud gaming a rendu l’approche du développement natif bien moins pertinente pour une plateforme de niche. De fait, Google et Valve tournent la page de Steam sur ChromeOS.

Pour autant, la fin de Steam pour ChromeOS ne signe pas la fin du jeu sur Chromebook. Concrètement, ChromeOS va continuer de miser sur deux autres axes envisagés dès le départ : les jeux Android et le jeu en streaming. En 2025, de nombreuses alternatives existent et restent disponibles pour jouer sur un Chromebook.

Tour d’horizon des solutions actuelles pour continuer à jouer sur Chromebook malgré l’arrêt de Steam.

Jouer sur Chromebook en 2025 et 2026 : comment installer des jeux sur ChromeOS sans Steam ?

Les jeux Android via le Google Play Store

Google oblige, un rapprochement progressif entre ChromeOS et Android s’est opéré au fil des ans, permettant à la plupart des Chromebooks récents d’installer le Google Play Store et d’accéder ainsi à tout ou partie des milliers de jeux mobiles qu’il propose.

Avantage notable : l’offre est pléthorique. Du puzzle‑game casual aux MMO, en passant par les FPS, les jeux de course et les simulations sportives, les centaines de milliers de jeux Android couvrent tous les genres. Pensés pour les puces des smartphones, ils s’accommodent très bien de la puissance modeste des Chromebooks. À première vue, il peut donc s’agir d’une solution idéale pour jouer sur ChromeOS de manière occasionnelle.

Cependant, ces jeux sont conçus pour des écrans tactiles, dont beaucoup de Chromebooks sont dépourvus. Même en cas d’écran tactile, les commandes sont pensées pour un appareil tenu à deux mains et à bout de bras : une posture peu compatible avec un ordinateur portable. Certains titres acceptent une manette, voire fonctionnent avec le clavier et le pavé tactile du Chromebook (cas plus rare), mais cette question des contrôles demeure un frein majeur.

Installer des jeux Linux sur Chromebook (Crostini)

Moins connue du grand public et plus technique, l’installation et l’usage de Crostini constituent une autre option pour installer des jeux sur Chromebook. Crostini est le module permettant d’exécuter un environnement Linux (Debian) sur ChromeOS. Il active la fonctionnalité « Linux (bêta) » sur les Chromebooks compatibles, donnant accès à un terminal Linux complet.

Les utilisateurs les plus technophiles peuvent ainsi installer et exécuter des applications Linux, y compris des jeux compatibles. Il est possible d’installer le client Steam pour Linux sur les Chromebooks compatibles et, donc, d’installer et lancer les jeux compatibles Linux. Notons que Crostini ne se limite pas aux jeux : il permet d’installer de nombreuses applications Linux.

Cette solution a l’avantage d’ouvrir l’accès à de nombreux jeux Linux (et, via Proton, à certains jeux Windows). Cependant, elle ne règle pas le problème principal des Chromebooks : leur faible puissance de calcul. La possibilité d’installer un jeu ne garantit pas que la configuration matérielle suffira à le faire tourner correctement.
De plus, la démarche reste réservée aux utilisateurs avancés, impliquant une certaine maîtrise des environnements GNU/Linux et de la ligne de commande ; Crostini donnant accès principalement à un terminal et non à une interface graphique complète.

Le cloud gaming sur Chromebook : GeForce NOW, Xbox Cloud Gaming, Luna et autres

En plein essor, le cloud gaming est sans nul doute la solution la plus connue pour jouer sur Chromebook, malgré l’arrêt à venir de Steam sur ChromeOS. De nombreux services existent, chacun avec ses avantages et ses limites.

Pour rappel, le cloud gaming consiste à exécuter les jeux sur des serveurs distants très puissants, puis à diffuser le flux vidéo du jeu sur votre appareil. Au lieu de faire tourner un jeu vidéo gourmand en ressources, le Chromebook n’a qu’à lire un flux vidéo. Pour des machines aux capacités modestes, c’est une solution idéale.

En 2025, plusieurs services de cloud gaming compatibles Chromebook tirent leur épingle du jeu, tels que GeForce NOW, Xbox Cloud Gaming, Luna, etc. Tous partagent un même concept général : proposer, via abonnement, un catalogue de jeux compatibles auquel l’utilisateur peut accéder, pour peu qu’il ait acheté lesdits jeux au préalable. Le jeu est exécuté sur les serveurs de l’opérateur de cloud gaming ; l’utilisateur final n’a plus qu’à streamer le flux vidéo.

Le cloud gaming « traditionnel » apparaît donc comme une alternative de choix à Steam pour les possesseurs de Chromebook, permettant de passer outre les problèmes de compatibilité et de puissance (sans parler de la capacité de stockage réduite des appareils sous ChromeOS).

Cependant, cette approche comporte aussi des limites. La première, et non des moindres, est la contrainte du catalogue : si le jeu auquel l’utilisateur souhaite jouer n’y figure pas, il sera impossible d’y jouer. La plupart des titres AAA se trouvent généralement sur l’un ou l’autre des services, mais des accords d’exclusivité peuvent imposer de multiplier les abonnements. De plus, si de nouveaux titres sont régulièrement ajoutés, d’autres peuvent disparaître au fil du temps, en fonction des accords avec les éditeurs.

Au‑delà du catalogue, ces services ne permettent pas d’installer des mods, ce qui peut être une limitation forte pour certains joueurs. Pour ceux que ces contraintes concernent peu, le cloud gaming « sur catalogue » reste une excellente option pour jouer sur Chromebook en 2025 et 2026, sans support de Steam.

La tendance est telle qu’un autre type de service, visant à conserver les atouts du cloud gaming tout en en supprimant les inconvénients, se développe en parallèle, notamment proposé par Shadow, qui s’impose aujourd’hui comme l’une des meilleures solutions pour jouer sur Chromebook.

Shadow : transformer un Chromebook en PC gaming

En parallèle du cloud gaming sur catalogue, Shadow a développé une solution différente et plus complète, pensée pour dépasser les limites des offres traditionnelles.
Plus que du cloud gaming, Shadow propose un PC dans le cloud. Le principe diffère du streaming de jeux à la demande : plutôt que de streamer un jeu issu d’un catalogue, l’utilisateur accède directement à un PC gaming dans le cloud sous Windows, via l’application Shadow ou directement depuis le navigateur.

Le Chromebook devient alors un terminal pilotant un véritable PC Windows distant. L’utilisateur voit le bureau Windows à l’écran et peut utiliser ce PC comme s’il était posé sur son bureau… à la différence près que tout est calculé à distance et retransmis en vidéo via Internet.

Un Shadow PC donnant accès à un Windows complet, il est possible d’installer et d’exécuter n’importe quel jeu ou logiciel Windows, comme sur un ordinateur local. Concrètement, sur un Chromebook, il suffit de lancer Chrome et de se connecter à son Shadow PC pour accéder en quelques secondes à un Windows complet, directement dans le navigateur. Le Chromebook se contente de streamer le Shadow PC et n’exécute donc aucun calcul : sa puissance limitée n’est plus un problème.

L’intérêt pour le gaming sur Chromebook est énorme : un Shadow PC n’a aucune restriction de catalogue. Il est possible d’installer n’importe quelle plateforme (Steam, Epic Games Store, GOG, Battle.net…) et n’importe quel jeu, sans se soucier de savoir s’ils existent sur Android ou s’ils figurent au catalogue d’un service de cloud gaming.

De plus, un Shadow PC étant une machine de jeu, il est doté d’un processeur puissant et d’une carte graphique moderne, lui permettant d’exécuter les derniers jeux et logiciels, contrairement aux Chromebooks.

Et l’intérêt va au‑delà de Steam. Il est possible d’installer n’importe quel logiciel Windows : profiter de Microsoft Word ou Excel sur Chromebook, utiliser Adobe Photoshop ou Premiere Pro, ou encore des logiciels de modélisation 3D (Blender, etc.), le tout de manière fluide et transparente.

Le Chromebook conserve ainsi ses atouts (compacité, légèreté, autonomie, coût réduit...) tout en comblant ses défauts (faible puissance et compatibilité logicielle limitée) grâce à Shadow PC.

En somme, Shadow permet de transformer n’importe quel Chromebook en PC de jeu et multimédia, mais aussi de profiter des logiciels Windows sous ChromeOS. Pour qui a investi dans l’écosystème ChromeOS sans vouloir renoncer aux logiciels ou jeux PC, c’est une solution de choix, dont les avantages vont bien au‑delà de l’installation de Steam sur ChromeOS.

Quel avenir pour le jeu sur Chromebook ?

L’arrêt de Steam sur ChromeOS n’est pas la fin du gaming sur Chromebook. Certes, l’impossibilité d’installer nativement Steam peut donner le sentiment d’une rupture, mais la présence de Steam ne signifiait pas pour autant qu’il était possible de jouer correctement : la faible puissance des Chromebooks et la liste très réduite des jeux compatibles limitaient fortement l’expérience.

Le jeu sur Chromebook va donc évoluer selon deux axes. D’un côté, la convergence progressive d’Android et ChromeOS permettra de jouer nativement aux jeux Android, donnant accès à un vaste catalogue (plutôt « casual »), adapté à la faible puissance des Chromebooks. La question des contrôles tactiles restera un sujet, mais l’on peut espérer que cette convergence incitera les éditeurs à intégrer progressivement le support clavier/pavé tactile aux apps Android.

En parallèle, l’essor rapide du cloud gaming et des solutions de type PC dans le cloud (comme Shadow) permet aux Chromebooks de continuer à briller sur leurs points forts (prix, autonomie, légèreté, simplicité, etc.) tout en gagnant en polyvalence. Le cloud étant déjà au cœur du concept et de l’expérience Chromebook, l’essor du cloud gaming sur ChromeOS apparaît comme une évolution logique pour répondre aux besoins des joueurs.

En conclusion, la fin de Steam sur Chromebook ne signifie pas que les joueurs doivent abandonner tout espoir. Au contraire, l’écosystème n’a jamais été aussi riche qu’en 2025 : entre les jeux Android, les services de cloud gaming et les applications Windows via un PC dans le cloud, il restera plus que jamais possible de jouer sur Chromebook en 2026 et au‑delà; grâce au cloud, brique fondamentale de l’expérience ChromeOS.